Ferme de la Commanderie

Benjamin Lepelley

J’ai été élevé à l’Extra-Brut

Monsieur « Tradi »

D’autres temps, d’autres mœurs. Au sortir de la seconde guerre mondiale, sortent de la ferme familiale des fûts de qui sont acheminés vers les épiceries et les particuliers de Cherbourg. Comme nombre d’exploitations de l’époque, le cidre permet de glaner de précieux revenus pour s’acquitter de la location des terres. Le grand-père est à la manœuvre. « Puis mon père va instituer la mise en bouteilles. Dans les années 80. Pas avant ». Cette même décennie va subir, en 1987, l’outrage de la tempête. « Les vieux arbres hautes-tiges de 60 ans n’ont pas résisté. C’est moi qui ai introduit des arbres basses-tiges ». L’ancienne Commanderie des Templiers a vu se succéder nombre de générations, mais l’histoire continue de s’écrire.

Monsieur « La Science »

En 1997, lorsqu’il prend entièrement la succession, Jean-François continue de planter des pommiers. Tout en conservant les vieilles variétés locales. Et pour continuer de scruter les temps anciens tout en étant bien dans son époque, le maître de la Commanderie va suivre une formation cidricole. « Avant, tu pressais, tu logeais le cidre dans des fûts que tu allais livrer. Terminé. Il n’y avait aucun suivi ».

Le virage technique opéré, l’activité cidricole s’est imposée. Mais puisque l’Adn de l’endroit est fermier, volailles, vaches et brebis continuent d’animer les lieux.

L’amer à boire

« Avec mes cuves de 30 hectolitres, je peux faire des assemblages différents. » Sensible aux nuances, notre alchimiste élabore jusqu’à 4 cuvées différentes de Cidre Cotentin AOC, dont une « Extra-brute. « Si j’ai replanté des variétés douces, depuis quelques temps, j’ai constaté un regain d’intérêt pour l’ « Extra-brut ». Le hasard veut que le goût de Jean-François le porte vers de fines amertumes. Une signature que l’on retrouve jusque dans les vergers avec les variétés Taureau, Gros amère, Petit amère, Marin Onfroy. Des sonorités pittoresques qui disent l’authenticité des lieux.